La victoire de la sélection marocaine sur son homologue portugaise, en quarts de finale de la Coupe du monde, et sa qualification pour les demi-finales, était jusqu'à peu un rêve difficile à réaliser. Or, la réalité est que le Maroc vit concrètement son plus beau rêve. Le rêve a commencé par la qualification au Mondial de Qatar-2022, après un parcours réussi aux éliminatoires de la zone Afrique, ce qui a suscité une liesse populaire suite à la qualification à ce rendez-vous sportif prestigieux, avant que le tirage au sort ne place l'équipe nationale dans un groupe considéré comme le groupe de la mort, avec la Croatie, vice-champion du monde 2018, la Belgique, 2éme au classement mondial de la Fifa et la jeune et difficile sélection canadienne.
Le héros de ce rêve n'est autre qu’un jeune entraîneur marocain nommé Walid Regragui, qui s’est vu confier la mission de prendre les rênes du Onze national à quelques semaines du début du Mondial. Sans jouer le moindre match officiel avant la Coupe du monde, il n’avait besoin que de trois rencontres amicales pour forger son équipe et mettre en place une sélection forte, capable de faire bonne impression dans les trois matchs lors de la phase des groupes. Le rêve a continué lorsque les Lions de l’Atlas ont mis en échec la sélection croate avec son peloton de stars comme Modric, Perisic, Brozovic et Kovacic, et ont même été à deux doigts de remporter la victoire lors du premier match de groupe, dominé par les coéquipiers de Sofiane Amrabat qui ont fait preuve d’une discipline tactique digne des plus grandes écoles de football.
Dans la foulée, le rêve a réellement pris de l’ampleur avec la victoire sur la Belgique, lors d’un match où les joueurs marocains ont été supérieurs à tous les niveaux et ont réussi à marquer deux buts signés par des remplaçants, Abdelhamid Sabiri et Zakaria Aboukhlal. Un succès qui a renforcé les chances du Maroc de passer au 2ème tour. Le dernier match de groupe face au Canada a confirmé la poursuite du rêve et fait grandir l’appétit du collectif national, qui n’a eu besoin que de trois minutes pour ouvrir le score grâce au flamboyant Hakim Ziyech, avant que Youssef En-Nessyri ne double la mise. L’unique réalisation du Canada, un but marqué contre son camp par Nayef Aguerd, n’a pas empêché les Lions de l’Atlas de terminer premiers du "groupe de la mort" avec 7 points, pour donner rendez-vous avec La Roja en 8èmes de finale.
Les supporters marocains, avides de victoires, ne pouvaient que fêter comme il se doit ce succès sportif, le premier depuis l’épopée de 1986. Des milliers de fans ont célébré cette victoire dans les rues partout au Maroc et même à l’étranger, tout en s’attendant à une confrontation difficile en 8èmes de finale face à La Roja, capable de stopper net la progression du Maroc dans un Mondial organisé pour la première fois dans un pays arabe frère.
Mais le rêve a persisté et les Lions de l’Atlas ont défié les chroniques et les pronostics en battant le matador espagnol à l’issue d’une soirée footballistique mémorable, marquée de l’empreinte d’un Yassine Bono magistral qui a brillé tout au long du temps réglementaire du match et des prolongations, mais surtout lors de la séance des tirs au buts, empêchant la moindre réalisation espagnole et envoyant le Maroc en quarts de finale pour la première fois pour le football arabe.
Le match des quarts de finale, face au Portugal, est devenu lui aussi un événement historique qui maintient vivant le rêve marocain, grâce à la victoire méritée face à une sélection lusophone pourtant l’une des plus puissantes de cette édition de la Coupe du monde. Un succès au goût de revanche après la défaite des Lions de l’Atlas au Mondial 2018 en Russie. Dans ce match, les Marocains ont prouvé qu’il étaient les plus forts sur le terrain, grâce à un but anthologique de Youssef En-Nessyri et d’une grande prestation sur les plans techniques et tactiques, en défense comme en attaque, avec pour résultat une qualification en demi-finale du Mondial, inédite pour une sélection africaine.
Beaucoup cherchent à comprendre les raisons du succès du collectif national, serait-ce les plans tactiques de Regragui, sa capacité de communication avec les joueurs ou sa légendaire "Niyya" ?
S’agit-il de la discipline tactique, du professionnalisme des joueurs, des efforts du staff médical et technique de la sélection et de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) qui a veillé à réunir toutes les conditions favorables pour garantir un séjour confortable de la sélection au Qatar, ou encore le soutien fort et inconditionnel des nombreux supporters marocains qui ont fait le déplacement ?
Ou alors ce succès serait la somme de tous ces facteurs ? Plusieurs réponses sont possibles mais l’essentiel est que le Maroc poursuit son rêve “mondialistique”, en atteignant les demi-finales de la Coupe du monde.
Et le rêve est toujours vivant …