Les "Vatreni" croates ont souffert le martyr pour enlever, dimanche, lors de la séance de tirs au but leur ticket des quarts de finale en s’imposant (1-1, 3-2 tab) devant les Danois après avoir raté l’occasion d’éviter cette roulette russe en loupant un penalty vers la fin de la seconde prolongations. Le match s’enflamme d’entrée sans rounds d’observation avec une mauvaise entame des croates qui, sur une longue remise en jeu, cafouillent dans la surface de réparation pour laisser Jorgensen ouvrir les débats (2è) mais n’auront pas le temps pour savourer. En effet, pas du tout déstabilisés par ce début calamiteux pour un groupe donné favori sur le papier au vu de son parcours en phase de poules, les "Vatreni" se rattrapent sur l’action suivante et grignotent leur retard suite à un mauvais renvoi (4è), le dégagement de Dalsgaard bute sur le visage d’un de ses coéquipiers pour le bonheur de Mandzukic qui, à l’affût, répond et relance ce match un peu dingue avec deux buts en 3min 40, le premier étant inscrit après seulement 55 secondes.

Modric, au centre de toutes les actions, reprend les choses en main pour diriger son équipe qui a commencé à jouer son propre jeu basé sur la possession de balle pour contrôler le match alors que les "Danish Dyamite" misent sur les longues passes dans le dos de la dernière ligne adverse et facilitent, au contraire, la tâche défensive des Croates. Les deux protagonistes s’acharnent à la maitrise du milieu de terrain. Et à ce jeu, les damiers rouges, qui ont évolué en bleu et noir, seront plus incisifs même si le rythme donne un faux semblant de calme. De part et d’autre, les actions intéressantes échouent. Rakitic, en manque de puissance après un centre, rate une bonne opportunité et Kasper Schmeichel, à l’ombre de son légendaire père Peter, resta solide dans sa cage. De même dans l’autre camp, qui commençait à montrer le bout du nez avec une bonne présence sur le terrain, Eriksen voit son tir en finesse toucher la transversale. 

Avec les montées de Modric, plutôt sur le côté droit, l’équipe partage le couloir avec un milieu offensif mais impossible de percer le bloc arrière solide des Vikings. La rencontre devient plus fermée. Et si les danois se sont montrés bien en place en défense, leur attaque laisse à désirer et peine au moment de la passe décisive à conclure sur les actions en rupture. L’entrée en jeu Schöne, plus offensif, en remplacement de Christensen a donné le ton à une volonté du Danemark d’attaquer davantage, d’autant que Yussuf Poulsen apporte de l’aération dans le jeu danois sur le flanc droit. Et si lors de la première journée des huitièmes, les matchs se sont conclus au temps règlementaire, la deuxième a étiré le déroulement et a fait prolonger le suspens, les émotions. Après l’opposition Espagne-Russie dénouée aux tirs au but en faveur des hôtes du tournoi, Croates et danois en feront de même. C’est la première fois qu’ils jouent une prolongation en Coupe du Monde. Et comme lors de la précédente rencontre, le sélectionneur des danois, le norvégien Age Hareide, fait entrer en jeu Pione Sisto en tant que quatrième remplaçant mettant ainsi en pratique le nouveau point de règlement autorisant un tel changement en cas de prolongations. Et il ne sera pas le seul. Zlatko Dalic lui emboîte le pas en incorporant Milan Badelj pour relever l’auteur de l’égalisation.

Et en usant des propres armes des "Danish Dyamite", les Croates lancent un contre dévastateur, Rebic, mis en orbite, dribble Schmeichel mais fut fauché par Jorgensen. A l’exécution de la transformation, Modric, qui a commencé à trainer les pieds depuis un bon moment, ne parvint pas à tuer le match, le dernier rempart danois prenant le dessus (116è) pour pousser jusqu’au finish, aux tirs au but. La séance était interdit aux cardiaques, le petit Schmeichel est entré dans les pieds de son géniteur en arrêtant deux tirs au but mais à ce jeu le Croate Subasic s’est révélé un étage supérieur en en stoppant trois dans le Nijni-Novgorod stadium, édifié dans le quartier historique du "Streika" près du confluent des deux grandes rivières l’Oka et la Volga, qui semble porter chances aux croates pour y avoir sèchement écrasé les Argentins (3-0) en phase de poule.