L'international marocain Zouhair Feddal (29 ans) évolue depuis deux ans au sein du Real Betis, un club centenaire et l’un des plus anciens d'Espagne, marquant de la sorte son retour en force dans le championnat espagnol, après des passages dans d'autres équipes du pays ibérique, notamment le Deportivo Alavès ou le Levante UD. Zouhair Feddal, ou Zou comme le surnomme les supporters du Bétis et la presse espagnole, a signé en 2017 pour quatre saisons avec le club andalou. Eloigné des pelouses pendant six mois suite à une rupture du tendon d'Achille, le défenseur marocain, conscient qu’il est temps de se relancer et retrouver la stabilité, veut réussir son retour sur les terrains et honorer les couleurs nationales. "J’ai besoin de récupérer ma condition physique d’avant la blessure. Je manque de compétition à cause de cette longue période d’absence suite à la rupture de mon tendon d’Achille lors du match de la Liga contre le Villareal CF, durant la saison précédente", confie Feddal avec amertume dans un entretien à la MAP, évoquant un désagréable souvenir qu'il n’est pas prêt d’oublier.
Le défenseur marocain a ajouté qu'il a joué trois matchs en tant que titulaire depuis le début de cette saison, faisant savoir qu'il n'a pas été titularisé pendant un mois après le derby contre le FC Séville, une période durant laquelle l’équipe a pris son envol. "A présent, je dois récupérer ma place au sein du groupe", affirme-t-il. Feddal peine à renouer avec ses performances et à s'imposer, mais il sait bien qu’il ne veut plus être confiné sur le banc de touche. Le chemin footballistique de Feddal n'a jamais été un long fleuve tranquille. Né à Tétouan, il émigre avec sa famille en Catalogne alors qu'il était âgé d'à peine 5 ans. C’est dans le Peralada CF (Catalogne) que Feddal enfant prend goût à taper le ballon. "Je m’entrainais jusqu'à 4 heures par jour. Je dois beaucoup à l’entraîneur de ce club. C’est lui qui m’a montré le chemin à suivre", déclare-t-il reconnaissant. "Lorsque j’ai commencé à jouer au foot, je devais parcourir 14 km par jour pour aller à mes entrainements. Les jours de pluie et de grand froid, mon père venait me chercher avec sa fourgonnette où nous mettions mon vélo pour rentrer ensemble", se souvient-il.
Feddal débute en tant professionnel dans les clubs de deuxième division espagnole et a même fait un bref passage dans la Botola, sous le maillot du club Fath Union Sport de Rabat (FUS), durant la saison 2012-2013. "Je garde de bons souvenirs de ma période au FUS, sous les commandes de l’entraîneur Jamal Sellami, pour qui je voue une grande admiration. Le FUS est un club professionnel et structuré où j’ai appris à améliorer mon jeu", se remémore-t-il. C'est après ce passage rbati que le jeune tétouanais atterrit au Calcio, le championnat d'Italie. Chez les clubs transalpins, Feddal a connu une longue traversée du désert. "Mon passage en Italie n’était pas à la hauteur de mes espérances. Je suis arrivé alors que le football italien traversait l’un de ses pires moments, entre scandales de corruption et mauvaise gestion. J’ai passé deux saisons à effectuer des allers-retours entre trois clubs", se rappelle-t-il. Las de cette situation, il décide de s’en aller vers d’autres pelouses footballistiques moins agités. "J’ai eu une importante offre financière de la part d’un club saoudien après la débâcle italienne, mais après consultation avec ma famille, j’ai préféré opter pour le championnat espagnol et continuer à améliorer mon jeu. Mon rêve était de disputer la Champions League et je ne voulais pas y renoncer aussi vite", souligne Feddal. "Le Betis est un grand club avec un immense appui social. Un joueur qui évolue au sein d’une équipe comme le Betis se sent valorisé", affirme-t-il.
Evoquant le premier chapitre de sa carrière internationale, Feddal indique qu'il l’a écrit avec la sélection marocaine des moins de 23ans . "La première fois que j’ai enfilé le maillot national c’était à Marrakech en 2009, avec l’équipe U23. Juste après notre rencontre où nous avons mené le jeu, la sélection officielle a fait son entrée. En écoutant l’hymne national, j’ai versé des larmes. C’était impressionnant", se souvient-il. Pressenti pour figurer sur la liste des 23 joueurs marocains retenus pour disputer le mondial 2018 en Russie, Feddal voit son rêve voler en éclats ce fameux 3 février 2018. "J’ai pleuré à chaudes larmes quand je me suis rendu compte que j’étais blessé au tendon. La première chose que j’ai dit à l’arbitre et à mon collègue Andres Guardado qui est venu me voir alors que j'étais par terre a été j’ai perdu le Mondial. J’étais inconsolable. C'était un moment de grande douleur émotionnellé", confie le footballeur. A présent, Feddal n’a qu’une idée en tête : goûter de nouveau à la fierté de porter le maillot national. Absent des dernières convocations du sélectionneur national, Hervé Renard, Feddal est toutefois conscient qu’il faut se remettre en selle pour voir les portes de la sélection nationale marocaine s’ouvrir de nouveau. "J’aurais aimé disposer de davantage de temps de jeu et d’opportunités pour démontrer que je mérite porter ce maillot et défendre les couleurs de mon pays", souhaite-t-il.
"Quand l’hymne national est entonné, je suis envahi par un flot de souvenirs qui défilent devant mes yeux : des scènes de mon enfance, je vois ma famille, mon grand-père qui était très proche de moi, mes amis, mon drapeau et ma patrie", se remémore-t-il, la gorge nouée. "Ces émotions me saisissent à chaque fois que je l'écoute. Et cela me manque", poursuit-il. Feddal est convaincu qu’il est en mesure de relever le défi et retrouver sa place auprès des Lions de l'Atlas. En attendant cette occasion, il ne rate aucun match que jouent ses coéquipiers de la sélection nationale. Mieux encore, il n’hésite pas à faire le déplacement jusqu’au Maroc pour voir les Lions de l’Atlas sur le terrain quand le match est disputé au Royaume. "La grande consécration pour moi en tant que joueur est d’honorer le maillot de l’équipe de mon pays", soutient-il avec ferveur. "Je suis un fils d’immigré qui est venu à la recherche d’opportunités pour sa famille. Jouer pour la sélection nationale a une valeur inestimable pour les joueurs issus de l'immigration comme moi. Mouiller le maillot national est le meilleur cadeau que je puisse offrir à mes parents", ajoute Feddal. 
Sa carrière a connu de nombreux revers, toutefois le joueur international marocain a su toujours rebondir. Son appui moral ? Son frère Omar, son ainé de 7 ans. "C'est lui qui m’a encouragé, soutenu et m'a même fourni mes premières godasses. Il rêvait de jouer au football et devenir professionnel mais il a dû abandonner son rêve pour subvenir à nos besoins. Omar est un motivateur né. C'est la personne qui était là pour moi durant toutes les étapes de ma vie", reconnait-t-il. Feddal a aussi une pensée pour son oncle Said, vivant à Tétouan. "Il a toujours cru en en moi depuis mon premier début. Quand il m’arrivait d’en prendre un coup, je pensais à ses encouragements et cela me redonnait de la force mentale et physique", avoue le jeune joueur marocain.
Concernant sa condition de fils de migrant, Feddal est catégorique. "L’Espagne met en valeur certes le sportif migrant doté de qualités techniques mais qui, du fait de sa condition d'étranger, doit suer doublement. Je pense qu’il est primordial de donner davantage d’opportunités aux jeunes issus de la migration", recommande-t-il. "Je dis aux enfants marocains issus de l'immigration qu’il faut s’entraîner assidument et travailler dur. La récompense finit toujours par arriver", lance-t-il en guise de conseil aux joueurs en herbe.