La belle campagne mondialiste du Raja qui, à chacune de ses sorties, a débloqué le verrou d'en face pour relever le challenge de "couler" plus grand et déplacer la montagne sur sa voie, a, bel et bien, effacé cette désillusion de zéro pointé au compteur "trainée" de l'édition inaugurale du mondial en 2000.

L'équipe, après la période continentale faste avec en apogée le mondial du Brésil suivie d'un "déclin" africain à l'exception d'une finale en 2002 contre Zamalek (EGY) en ligue des champions et une victoire l'année suivante en coupe de la CAF, va signer, treize ans après, sa "résurrection" tel le phénix, sa renaissance pour atteindre les pinacles, jouer sans complexe dans la cour "des grands" contre des formations "incomparables", inabordables car à des années lumières. Mais, c'est dans l'adversité que se mesurent les gloires, se forgent les légendes.

Dans ce registre, les diables verts n'ont plus de leçons à recevoir. Ils ont transformé ce mondial en une sorte de trampoline pour monter en grade, arracher les points de la difficulté de l'exercice, s'élever avec leurs ailes fines un peu plus en hauteur, au ciel.

Les coéquipiers du buteur Mohcine Iajour, meilleur joueur de l'équipe et auteur de deux buts, qui ont tout donné, ont déjà laissé atones les costauds mexicains de Monterrey puis, ne laissant pas retomber la douce effervescence de la victoire, ont asphyxié, survoltés, les artistes brésiliens de l'Atletico Mineiro.

Libéré de toute pression pour avoir déjà composé une belle symphonie depuis le tour de barrage, porté aux cieux, in situ, par ses milliers de merveilleux inconditionnels, le Raja et ses essaims de fans, contrairement aux "Jrades" qui dévastent toute verdure sur leur passage, ont enluminé, coloré de vert Agadir et la ville ocre.

C'est l'hirondelle qui fait le printemps. Soutenue extra muros des stades par des millions de Marocains, l'équipe n'a offert que du bonheur à tout le pays de Tanger à Lagouira. Des millions de Marocains ont ainsi communié, dans une ambiance indescriptible, et investi les rues pour manifester leur liesse et fierté, soulagés qu'ils étaient de ce fardeau de déceptions cruelles provoquées par l'accumulation des éliminations de la sélection nationale en Coupe d'Afrique et en qualifications du Mondial.

Toutefois, se mesurer à l'actuel n 1 mondial, le Bayern Munich, qui a débarqué à Marrakech après avoir tout raflé sur le vieux continent avec quatre titres (ligue des champions, championnat et coupe d'Allemagne et super coupe européenne), n'est nullement facile à jouer, complètement différent, une autre paire de manche. C'est dans la logique des choses. L'ogre allemand et super favori est, certes, à respecter tout comme d'ailleurs l'aigle vert marocain mais les défis sont faits pour être relevés, affrontés et non fuis.

Les Casablancais, suffoqués physiquement et par le pressing haut, ont dû céder, dans cette finale déséquilibrée, devant la suprématie et la ténacité des Bavarois mais non sans oser inquiéter, refusant de se présenter en simple victime expiatoire et cherchant auprès de leurs supporteurs, trissant sans cesse leurs chants même dans la défaite, cette motivation supplémentaire.

Les diables verts, une génération de joueurs qui ont commencé cette compétition avec la volonté de bien faire, ont montré, par leur furie et rage au ventre, qu'ils peuvent côtoyer les cimes. 

Sans parvenir à écrire la plus belle ligne du palmarès de l'équipe, les joueurs, qui ont probablement disputé la finale de leur vie, se consolent de la place de vice-champions.

Ils ont désormais deux opportunités pour revenir tenter leurs chances au mondialito, après y avoir fourbi leurs armes. Ils ont étalé les qualités de groupe et exhibé de l'énergie à en revendre, des atouts nécessaires pour se reprendre mentalement au retour en championnat local dont le titre donne droit direct au prochain Mondial. 

Mais ce sera mieux de glaner la couronne africaine, autre tableau dans lequel ils sont engagés, pour éviter le match de barrage et être mieux affûtés physiquement pour de nouvelles sensations en débutant en quarts de finale.