Omniprésent dans l'événementiel sportif, le Qatar a remporté jeudi l'organisation du Mondial-2015 de handball, moins de deux mois après avoir obtenu celle de la Coupe du monde de football en 2022, faisant preuve d'un appétit vorace que la concurrence a du mal à digérer.

En s'offrant un nouveau grand tournoi international, la monarchie gazière du Golfe a étoffé son tableau de chasse qui grandit de mois en mois et qui interpelle vu la taille de ce pays de 1,7 millions d'habitants.

Coupe d'Asie des nations de football, tournois de tennis WTA et ATP, Grand prix Moto GP, Tour du Qatar cycliste, Coupe du monde de football en 2022 et maintenant Mondial-2015 de handball: la liste est déjà bien fournie et pourrait s'allonger encore puisque le Qatar postule aussi à l'organisation des Mondiaux d'athlétisme en 2017.

Ses investissements colossaux ne se limitent pas au grands événements. Le nom du Qatar apparaît ainsi sur le maillot du FC Barcelone, qui n'avait jamais accepté de sponsor jusque-là, et les rumeurs de rachat d'autres clubs de foot se multiplient à travers l'Europe.

"On a beaucoup de chance au Qatar parce que notre cheikh est un grand amateur de sport. Il aime le sport et son peuple, il fait tout pour son pays et ça passe aussi par le sport", a déclaré à l'AFP le président de la Fédération qatari de handball Ahmed Mohammed Al-Shaabi, parlant de "moment historique".

Soucieux de préparer l'après-pétrole, le Qatar consacre des moyens énormes au développement de ses infrastructures, avec l'ambition de s'imposer comme un centre touristique. Et le sport est devenu son vecteur principal.

Petit pays de 11.400 km2, le Qatar est assis sur une richesse énorme en tant que troisième producteur de gaz du monde et un important pays pétrolier. Après avoir promis des stades climatisés pour la Coupe du monde de football, il a également impressionné le monde du handball par sa puissance économique.

Selon le président de la Fédération française Joël Delplanque, battu jeudi, le Qatar a proposé, pour remplir les salles au Mondial, "d'aller chercher, grâce à leur compagnie aérienne, des spectateurs dans le monde entier."

"C'est démesuré", a soufflé le directeur technique national français Philippe Bana, qui a également vu le Qatar offrir un Ipad à chacun des membres du conseil de la Fédération internationale afin de présenter son projet.

Après la victoire éclatante du Qatar, qui a battu la France, la Pologne et la Norvège dès le premier tour jeudi, les dents grinçaient fort dans le camp des battus. Et on a revu les mêmes scènes que lors de l'attribution du Mondial de football en décembre, que le président américain Barack Obama en personne avait qualifié de "mauvais choix".

"C'est invraisemblablement", s'est étranglé jeudi M. Delplanque, ravagé par un sentiment d'injustice et d'impuissance, alors que la délégation qatari fêtait à quelques mètres de lui une victoire qui en appelle d'autres.

AFP