Vainqueur du Grand Prix d'Abu Dhabi ce dimanche, devant Lewis Hamilton et Jenson Button, Sebastian Vettel est devenu le plus jeune champion du monde de F1, à 23 ans, 4 mois et 11 jours. Favori dans la course au titre avant cet ultime rendez-vous de la saison 2010, Fernando Alonso, septième du jour, passe à côté de sa troisième couronne mondiale à quatre points près. La faute à une stratégie de course désastreuse.

Le contraste est saisissant. D'une semaine à l'autre, du Brésil à Abu Dhabi, Sebastian Vettel a troqué son sourire carnassier et son regard assassin pour la bouille baignée de larmes d'un poupon. "Baby Schumi", pourtant, est devenu grand ce dimanche aux Emirats Arabes Unis, en succédant à son modèle Michael Schumacher au rang des Allemands sacrés champions du monde de F1, six ans après. Comme un symbole, l'ancien Baron rouge, sur le retour cette saison, n'a pas bouclé un tour en course ce week-end. Parti à la faute dès le départ, "Schumi" a même eu très chaud dans son baquet, miraculeusement épargné par la Force India d'un Vitantonio Liuzzi surpris par le tête-à-queue de sa Mercedes.

Peu avant cet accrochage, Fernando Alonso avait pour sa part connu sa première déconvenue du jour, en cédant sa troisième place à Jenson Button à l'extinction des feux. Sebastian Vettel, lui, restait cramponné à sa pole, malgré la charge de Lewis Hamilton, en route pour l'exploit. Insuffisant toutefois, à cet instant du Grand Prix, pour prétendre à détrôner un Alonso talonné par Mark Webber, son premier dauphin au classement général. En cas de succès de Vettel ce dimanche, l'Espagnol pouvait en effet se contenter d'une place au pied du podium. Un minimum largement assuré lors des cinq dernières manches en date. Un minimum que le Taureau des Asturies n'a pourtant pas su atteindre pour cette ultime explication.

En cause, la tactique discutable adoptée par un Cheval cabré qui, en choisissant de coller à la stratégie de course de Mark Webber, a compromis les ambitions de son poulain. Passé par les stands pour changer ses gommes dès le 11e tour, le pilote australien de Red Bull s'est vu suivi dans sa précipitation par la première Ferrari... Sans conteste le tournant décisif de la course, et du championnat. Car en expédiant de la sorte les affaires courantes, les deux hommes se sont retrouvés pris dans un trafic monstre, contraints dès lors de composer au-delà de la 10e position, derrière des Sebastien Buemi, Nico Rosberg, Nico Hulkenberg et Vitaly Petrov désireux de se montrer en cette dernière représentation de la saison.

Incapable de doubler le pilote russe de Renault, Fernando Alonso a alors vu les tours défiler, impuissant et probablement limité dans ses ardeurs par l'obligation de ménager une monture au moteur déjà éprouvé. "Il va falloir que tu uses de tout ton talent", lui glissait-on à la radio à une douzaine de tours du but. Trop tard cependant pour contrarier les plans désormais échafaudés par le taureau rouge. Quelques minutes plus tard, c'est bien Sebastian Vettel qui triomphait à Abu Dhabi, en signant sa cinquième victoire de l'année devant les McLaren de Lewis Hamilton et Jenson Button, la Mercedes de Nico Rosberg et les Renault de Robert Kubica et Vitaly Petrov. A 23 ans, 4 mois et 11 jours, l'Allemand devient le plus jeune champion du monde de l'histoire de la F1. Une consécration construite en seulement quatre saisons, et avec tout l'avenir devant lui...