Les quatorze inculpés dans la mort de Brice Taton, le supporteur français sauvagement agressé à Belgrade en septembre 2009, sont "coupables du crime de meurtre aggravé" et qui était prémédité, a estimé mardi la procureur Gordana Janicijevic, dans son réquisitoire.

S'exprimant pendant plus d'une heure devant la Haute Cour de Belgrade, Mme Janicijevic a évoqué comment, le 17 septembre 2009, "ce groupe de supporteurs (serbes) s'était rassemblé dans le centre de la ville avec pour objectif (...) d'en découdre avec des supporteurs du FC Toulouse", a-t-elle déclaré.

Le Partizan de Belgrade devait rencontrer quelques heures plus tard l'équipe de football de Toulouse, dont Brice Taton était un supporteur.

Les supporteurs serbes ont sillonné le centre ville pour trouver des Français et, une fois leur repérage réalisé, ils en ont informé d'autres supporteurs pour converger vers la rue Obilicev Venac, où les fans français étaient attablés à la terrasse d'un café, a expliqué la procureur.

Aux cris de "Toulouse, Toulouse", les supporteurs ont "attaqué, frappé et mis le feu à des visages et à des corps", a indiqué Mme Janicijevic.

Les dépositions de témoins lors du procès avaient évoqué l'agression commise à l'aide de battes et de torches fumigènes.

"Ils ont frappé Brice Taton alors qu'il gisait à terre, lui ont marché sur les mains alors qu'il demandait pitié et l'ont jeté, grièvement blessé, d'un escalier", a-t-elle poursuivi.

"Après avoir entendu l'ordre +c'est fini+, ils (les inculpés) se sont éloignés des lieux et sont partis calmement suivre le match" Partizan-Toulouse, a indiqué la procureur.

Brice Taton est mort le 29 septembre 2009, après douze jours d'agonie. Il avait 28 ans.

Relevant les nombreuses "contradictions et changements" dans les dépositions des inculpés, Mme Janicijevic a déploré qu'aucun témoin n'ait décrit la façon dont Brice Taton a été blessé.

"Il est clair que les témoins, y compris ceux qui étaient protégés, avaient peur de témoigner, ce qui prouve le caractère organisé de ce groupe de supporteurs", a-t-elle poursuivi, décrivant l'agression contre le Français comme "une manifestation de force qui détruisait tout sur son passage, ignorant les valeurs humaines".

L'avocat serbe de la famille Taton, Me Slobodan Ruzic, a réclamé pour sa part des peines maximales pour les inculpés et un dédommagement de 200.000 euros pour la famille Taton.

Les inculpés risquent une peine de 30 à 40 ans d'emprisonnement. Deux d'entre eux sont en cavale.

AFP