Le football de table s'apprête à attaquer le gouvernement français en justice pour être reconnu comme un sport à part entière au moment où débute jeudi à Nantes (Loire-Atlantique) sa quatrième Coupe du monde.

Près de 500 joueurs de "baby-foot" venus de 40 pays, du Brésil à l'Inde en passant par le Costa Rica, vont s'affronter jusqu'à dimanche dans une compétition où la France brille pour le moment beaucoup plus que sur les terrains en gazon.

Elle s'est imposée l'an passé chez les femmes et les hommes ne se sont inclinés qu'en finale face aux Etats-Unis.

"Nous allons déposer en février une nouvelle demande d'agrément auprès du ministère des Sports, qui va être refusée comme toutes les autres depuis huit ans", annonce Farid Lounas, un Nantais de 38 ans, président des fédérations française et internationale de football de table.

"Au terme du délai de quatre mois, nous déposerons donc un recours en juin devant le tribunal administratif."

Cette absence d'agrément porte préjudice au baby-foot, qui serait pratiqué chaque jour par 500.000 personnes mais qui revendique seulement 5.000 adhérents en clubs.

ÉCHECS SOUS LES BOMBES

D'autres disciplines comme le billard, l'aéromodélisme ou le tir au pistolet à 10 mètres bénéficient pourtant de la reconnaissance officielle des autorités françaises.

"Nous passons après une centaine d'autres activités pour obtenir des créneaux horaires dans les salles municipales", explique Farid Lounas, qui regrette également l'absence de brevet d'Etat pour former des éducateurs.

"Et nous avons zéro euro de subventions ministérielles", ajoute-t-il.

L'exemple vient selon lui d'Allemagne où, au terme de plusieurs années de procédures, la fédération internationale de football de table a obtenu récemment la reconnaissance officielle de son sport.

En France, ce sport souffre d'un déficit d'image.

"Le baby-foot souffre certainement de son image d'activité de bar, estime Farid Lounas. Même moi, au départ, ça me faisait doucement sourire quand on m'en parlait comme d'un sport."

"Mais il suffit de voir une compétition pour voir l'intensité physique qu'il réclame", explique-t-il.

"Il faut quatre à six heures d'entraînement quotidien pendant quatre ans pour devenir un bon joueur. Sans compter l'aspect psychologique: cela revient à jouer aux échecs sous les bombes."