Les avis sont partagés chez les joueurs et joueuses quant à la nécessité de voir Roland-Garros maintenu sur le site de la Porte d'Auteuil à Paris ou sur un déménagement, envisagé par la Fédération française de tennis (FFT).

Une décision pourrait être prise dès dimanche prochain lors de l'Assemblée générale de la FFT ou, au plus tard, dans les trois mois, lors d'une AG extraordinaire.

Même parmi les anciens champions, les avis divergent.

Interrogé lundi à l'occasion de la soirée d'Amélie Mauresmo à l'Open GDF-Suez, Yannick Noah, sacré sur le Central de Roland-Garros en 1983, défend son territoire.

"Dans tous les coins de cet endroit, il y a un passé, une histoire. Se retrouver ailleurs, c'est tirer un trait sur tout ça", a-t-il dit.

Mauresmo, elle, est moins nostalgique.

"Ca fait des années que je pense qu'il faut délocaliser le tournoi. On voit que Melbourne a lancé un nouveau plan de modernisation. Même si des moyens sont développés pour rester à Paris, j'ai l'impression que dans dix ans, la question se reposera", dit l'ancienne numéro un mondiale.

Fabrice Santoro prône également une délocalisation: " On arrive à un virage qu'il ne faut pas louper", affirme le jeune retraité.

Chez les champions actuels, Rafael Nadal, le numéro un mondial, est un ardent défenseur de l'actuel site. Sûrement parce qu'il y possède, comme Noah, de sacrés repères.

C'est là qu'il y avait été révélé en remportant l'épreuve pour la première fois en 2005 à tout juste 19 ans. Il l'a ensuite remporté à nouveau à quatre reprises.

Son prédécesseur sur le fauteuil de n°1, Roger Federer, aujourd'hui deuxième à l'ATP, est plus nuancé.

"À ROLAND-GARROS, ON SE MARCHE UN PEU DESSUS"

"Si la FFT effectue ce changement, elle aura ses raisons. Tous les stades se modernisent. C'est le lieu le plus serré des Grands Chelems, les joueurs et les fans le sentent", a dit le Suisse, vainqueur de l'épreuve en 2009, lors de l'Open d'Australie.

"Même si l'atmosphère est sympathique, c'est un peu dur à vivre. Toutefois, mon feeling, c'est qu'on va rester porte d'Auteuil."

C'est en tout cas ce que souhaite Marion Bartoli, la numéro un française.

"Pour moi, Roland-Garros, c'est la Porte d'Auteuil. Je n'arrive pas l'envisager ailleurs, c'est tellement ancré. J'aurais l'impression de jouer un autre tournoi", dit-elle.

Les coeurs de Jo-Wilfried Tsonga et d'Alizé Cornet balancent entre nostalgie et modernité.

"Partir, c'est l'opportunité de grandir et se mettre au niveau des autres, voire beaucoup mieux", dit Jo-Wilfried Tsonga. "Rester, c'est la nostalgie. J'ai toujours joué là et j'y jouerai toujours. Ce serait dommage de laisser ce stade à l'abandon."

Alizé Cornet veut voir plus loin que ses propres sentiments.

"Ca me déchirerait le coeur que Roland-Garros bouge mais d'un autre côté, je suis lucide. Si on n'a pas plus de place, on aura toujours les mêmes limites par rapport aux autres Grands Chelems qui se modernisent", dit-elle.

"Je pense qu'il faudrait bouger, construire quelque chose de moderne, de beau qui permettrait aux joueurs d'être confortables. Car à Roland-Garros, on se marche un peu dessus."

Cet avis est partagé par Kim Clijsters. La Belge estime en effet, comme elle l'a confié à Reuters, que partir serait difficile compte tenu des souvenirs qu'elle y a, mais estime que la modernité doit primer.

"Il y a les souvenirs mais pour la prochaine génération qui n'aura pas connu ça (le site actuel), un déménagement serait mieux", reconnu la gagnante du dernier Open d'Australie.

Reuters